Éditorial
Sexe au logis ...

Rien n'est plus faux que l'image véhiculée représentant la sexualité du couple comme aisée et allant forcément de soi, et que communiquer sur ce sujet entre conjoints est aussi facile que de choisir le menu du repas dominical.
De surcroît, les shows, chroniques et autres émissions télévisuelles, les divers articles parus dans la presse, les sacrosaints blogs et les campagnes publicitaires entretiennent ce tableau tronqué d'une réalité fantasmée, celle de Monsieur-muscle-au-gros-kiki et de la femme-salope, notamment, les autres femmes n'entrant pas dans cette catégorie pouvant aller se rhabiller… Enfin si j'ose m'exprimer ainsi.
La réalité objective est pourtant bien différente et, dans l'équation du couple en 2020, nous trouvons encore trop fréquemment pêle-mêle : non-dits, appréhensions, complexes, tabous et interdits, gêne, peur, honte, jugement, en plus du raton-laveur cher à Prévert. Vous me pardonnerez cette digression littéraire que j'arrive – enfin - à placer.
La pornographie dont on nous rebat les … non ne soyons pas vulgaire. Cette pornographie donc, érigée en modèle quasi incontournable, est à l'origine de nombreux complexes injustifiés et de pressions supplémentaires dans nos chaumières. L'orgasme "obligatoire" en est un exemple flagrant. "Ça allait ? C'était bien ? Tu as ressenti quelque chose ? "…
Le jugement est roi dans cette tentative de pseudo-communication post-coïtale où la volonté de performances et la réassurance cèdent le pas à la communion et à l'authenticité la plus élémentaire. Mais cela ne peut pas être pire que le "Alors, heureuse…" caricatural. Et, à cet instant précis, on s'attendrait presque à voir Betty Boop sortir d'un placard et déclamer après un profond soupir : "My Hero…" en battant des paupières. Autre référence, cinématographique cette fois. C'était trop tentant…
Et, continuant cette discussion sur l'oreiller, Madame, songeuse, se demande si elle a été suffisamment "salope" pour garder encore quelques temps son partenaire au domicile conjugal et l'éloigner encore un temps de toutes ses rivales potentielles.
À cette obligation de résultat se surajoute une absence souvent conséquente du fonctionnement du corps humain, qu'il s'agisse de son propre corps ou de celui de son/sa partenaire.
Par ailleurs, le contrôle de son apparence, avoir l'air de…, faire comme si… perd nettement en spontanéité. Autant de raisons qui empêchent un échange verbal sincère dans l’intimité.
Sous cette apparente désinvolture, emballée d'une pointe d'humour – enfin, j'ai essayé - se dressent, dès lors, les motifs les plus fréquents de consultations en sexologie et sexothérapie, demandes issues de femmes et hommes, hétérosexuels ou homosexuels, célibataires ou en couple, à tous moments de leur vie, souffrant d’une problématique en lien avec la sexualité.
Lorsque celle-ci, naturellement source de bien être, de plaisir et de complicité est vécue comme une souffrance, tant physique que psychique, lorsque cette souffrance produit une dévalorisation personnelle et/ou du ou de la partenaire, qu'elle déclenche tout un cortège de symptômes, comportements ou émotions inadéquates, il est alors urgent de consulter un sexologue.
Grégoire Couturier MD, PhD
Membre de la Société Internationale de Médecine Sexuelle
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